Revient, repars... LIBRE

Il y avait un petit chaton blanc couché sur le sable. Son corps était là mais son esprit était bien loin. Ou exactement ? En train de sauter de nuages en nuages, imaginant ce que ressentait les oiseaux, pensant qu'ils avaient bien de la chance. Il n'aimait pas particulièrement l'eau, comme tout les chats qui se respectent. Mais il n'y prêtait pas attention. Comme si elle avait été douée de conscience, les vagues venaient mourir à ses pattes sans le toucher. Son regard aux couleurs si mystérieuses était fixé sur l'horizon. Ils étaient ternes et vides. Après tout, ce qu'ils voyaient était à des kilomètres de là. Parlons de ses yeux, tient. L'un était bleu clair comme le ciel et l'autre vert tirant sur le jaune. Cela faisait un contraste saisissant. On avait envie d'y plonger les yeux, de se noyer dans cet océan, de percer ces mystères. On pouvait toujours espérer, et pourtant, ces espérances seraient vouées à être vaines. On ne savait rien de ce petit solitaire. Ni son passé, ni son présent, ni ce à quoi il pensait. Personne n'aurait compris. L'esprit des gens, trop fermé, a peur de ce qui est différent. Même ceux qui se disent tolérants ni coupent pas. C'est comme ça et il l'a compris il y a longtemps. Un autre chat se glisse sans bruit derrière lui. Il aurait pu le sentir. Mais non, puisqu'il était absent. Il ne remarqua même pas la présence de l'inconnu.

Invité

‹‹ Ah bah c'est l'invasions des nains crétins ou quoi ? Tu t'emmerdes pas trop ça va ? Non mais sérieux , tu te sens bien ? T'est tout pâle , t'est mort ? ››

C'était quoi, ce machin au langage bizarre qui venait perturber sa tranquillité ? Un chaton qu'on venait d'électrocuter et qui avait sans doute du mal à évacuer le trop-plein d'énergie. S'il le touchait, est-ce qu'il allait recevoir une décharge ? Etre foudroyé sur place ? Ca valait la peine de tenter l'expérience. Il se leva souplement, avec des mouvement tout en grâce et en rondeur. Il se mit face au chat qui s'était calmé et, dans un silence étrange, il avança la patte droite jusqu'à rencontrer le haut de celle de l'inconnu. Il attendit quelques secondes, fixant son membre blanc. Puis il la reposa, se remit face à la mer et se recoucha. Les vagues recommencèrent leur ballet, allant et venant juste devant ses pattes. Il ne répondit même pas aux paroles de l'étranger, ne les ayant compris qu'à moitié. C'était quoi cette histoire de nain ? Et puis il n'était pas pâle. Il était blanc. Il était idiot ou quoi, ce chaton ? Il n'avait jamais vu de chat immaculé ? Il ne devait pas connaitre grand chose à la vie, cet inculte. Enfin ! Avec ce parasite dans les parages, il pouvait dire adieu à sa tranquillité. Alors, sans détacher son regard de la mer, il dit :

-Barre-toi, minus.

Sans arrogance ni ironie. D'une voix fluette de chaton, dépourvue de toute émotion. Pourtant, on sentait bien que c'était ce qu'il voulait : que le chaton s'en aille. Il avait rajouté le 'minus' parce que le chaton lui faisait l'effet d'un nouveau-né. Il ne savait rien, ne tenait pas en place, parlait mal.

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